Quel regard poser sur les sien·ne·s pour se raconter au monde ? Extension de son engagement au sein de la scène ballroom, Kiddy Smile transpose son expérience au sein d’un projet intime et introspectif qui explore les liens internes et les dynamiques de sa communauté.
Créé en résistance à l’exclusion d’une société normative, brimante, raciste et LGBTphobe, l’espace de la scène ballroom est un microcosme régi par ses propres codes. Au croisement d’un moment festif, de représentation scénique, de création et de compétition, la temporalité du ball cristallise les vies partagées des “houses” qui s’affrontent et se côtoient. A HOUSE SHOULD BE A HOME énonce l’idée de la house - et par extension de la scène ballroom - comme un espace immatériel où se réfugier dans l’amour et l’amitié d’une famille choisie, à l’abri du monde extérieur.
C’est au moyen de différents médiums que Kiddy Smile interroge avec tendresse les relations interpersonnelles et familiales des personnes qui l’entourent, ainsi que leur rapport à la société. Il met en lumière le contraste entre leurs existences individuelles et leurs existences collectives, tout en soulignant la dichotomie entre leur besoin d’apparaître et d'exister au sein d’un univers où la visibilité est à la fois une nécessité et un combat quotidien.
“Role model”, “amis”,” kids”, “adversaires”, “mothers and fathers” : les oeuvres nous racontent les rôles, les vécus et les relations multiples d’individus dont les destins brillent - non de leur atypicité, mais par leurs cœurs robustes et leurs âmes inventives. En filigrane, se dessine le portrait pudique de leur auteur, distillé en chacun·e d’elleux.
Une production Le Nouveau Printemps.
Une exposition pensée avec Mathilda Portoghese, commissaire indépendante.
Merci à l’indivision BELIN et au groupe BELIN PROMOTION pour son accueil dans la Chapelle des Cordeliers.
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23 Mai au 22 Juin
Commissariat : Yandé Diouf
L’exposition Faire famille puise son inspiration dans le parcours de Kiddy Smile, un chemin d’émancipation qui célèbre la liberté d’être au sein d’un foyer électif. Figure incontournable du voguing et de la culture des ballrooms, Kiddy Smile est l’enfant de ces soirées, refuges pour la communauté LGBTQI+ où chacun.e peut enfin s’affirmer et honorer ses identités plurielles sans crainte de violence. Dans ces événements tant artistiques que politiques, les Maisons, des familles choisies ou créées par nécessité, s’affrontent dans des performances et autres défilés. Dirigées par des « mères », qui guident et soutiennent leurs « enfants », ces Maisons combinent solidarité du collectif et expression individuelle.
L’exposition ne retrace pas l’histoire des ballrooms, mais invoque la puissance de ralliement des Maisons – qui donnent à l’individu·e la force du collectif lui permettant de se monter et de refuser l’ombre à laquelle on l’avait assigné·e - pour nous interroger sur la notion du faire famille. Comment des trajectoires personnelles peuvent-elles converger pour créer un collectif ?
Les œuvres réunies dans Faire famille donnent voix aux récits issus de ce que la norme qualifie de périphéries ou de marges — ces espaces souvent invisibilisés, ignorés ou redoutés, car susceptibles d’ébranler les certitudes ou les privilèges. Pourtant, ces récits sont essentiels : ils constituent une part fondamentale du monde, sans eux, sans ces marges, il serait fatalement fragmentaire et inachevé.
Les artistes choisi.es pour l’exposition explorent et révèlent des liens anciens ou inédits, parfois oubliés, qui relient les individu·e·s à des territoires, à des histoires, à l’Histoire. Ils et elles viennent bouleverser nos repères pour tracer de nouvelles cartographies des identités, des relations, nous invitant à repenser nos individualités dans un cadre commun.
Ainsi, Brandon Gercara comble, par la fiction, les silences de l’histoire kwir (la pensée queer depuis une perspective créole réunionnaise) pour imaginer des récits d’émancipation. Angelica Mesiti explore la performance et la musique comme moteurs du collectif, tandis que Roméo Mivekannin, à travers ses auto-représentations dans l’iconographie occidentale, subvertit les imaginaires imposés aux corps noirs. Ensemble, ces œuvres redéfinissent les corps, les matières, les récits et les sonorités pour ouvrir de nouvelles perspectives aux notions de communauté et d’appartenance, au croisement d’héritages multiples.
L’exposition est une Maison, un espace de réflexion partagée sur nos places et trajectoires, pour imaginer ensemble des stratégies collectives capables de transformer les oppressions et les dénis en forces créatrices et vitales pour faire famille ensemble.
Yandé Diouf
Avec
Malala Andrialavidrazana
Raphaël Barontini
Binta Diaw
Alice Diop, Penda Diouf et Verena Paravel
Brandon Gercara
Laura Henno
Mariana Kostandini
Angelica Mesiti
Marie-Claire Messouma Malambien
Roméo Mivekannin
Yandé Diouf est directrice de projets au Centre Pompidou (Centre Pompidou Malaga, KANAL-Centre Pompidou, Préfiguration du futur pôle francilien de conservation et de création) et possède une riche expérience dans le domaine de l'art et de la culture. Après avoir contribué à l'ouverture de la Fondation Louis Vuitton (programmes artistes et architecture), elle a multiplié les collaborations avec des artistes issus du cinéma, de la musique et des arts plastiques, tant en France qu’à l’international. Sa carrière est marquée par une volonté constante de promouvoir des créations innovantes et de construire des ponts entre les disciplines artistiques et les publics.
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Ouverture du mardi au dimanche, de 12h à 18h.
Nocturnes les 22 et 23 mai jusqu'à 22h.
La Chapelle des Cordeliers n'est pas accessible aux personnes à mobilité réduite.