Jennifer Caubet est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2008 après avoir suivi différentes formations à Toulouse, Barcelone et Tokyo. Grâce à des productions singulières avec des spécialistes, ingénieurs, architectes et entreprises, Jennifer Caubet amorce un travail de réflexion sur, dans et autour de l’espace, à travers la sculpture, l’installation et le dessin. Les formes et les lignes que Jennifer Caubet déploie, rejoue ou pose dans les espaces qu’elle traverse, inaugurent ainsi le lieu de l’oeuvre et de l’exposition comme des territoires de relations non seulement construits mais à construire.
Son travail a été présenté pour des expositions personnelles et collectives à la Maréchalerie de Versailles, à la BF15 de Lyon, à la Kunsthalle de Bâle, au Chalet Society, aux Instants Chavirés, à la Chapelle Saint-Nicolas de Pluméliau ainsi qu’à la galerie Jousse Entreprise. Elle a été invitée dans de nombreux programmes de résidence comme la Christoph Merian Foundation, Vent des forêts, le centre d’art des Tanneries et le CIRVA - Centre international du verre et des arts plastiques à Marseille. Ses oeuvres font partie des collections de Lafayette Anticipations - Fonds de dotation Famille Moulin, du Centre national des arts plastiques - CNAP, du FRAC Occitanie – Montpellier, du Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur et du Frac MECA Nouvelle Aquitaine.
Au croisement du dessin et de la sculpture, Jennifer Caubet déploie des réseaux de lignes à la surface de feuilles de papiers ou dans l’espace sous forme de dispositifs à la fois concrets et abstraits. Le passage de la deuxième à la troisième dimension se conçoit aisément chez elle, le dessin dérivant du dessein, c’est-à-dire d’un projet et d’un plan que l’on peut comprendre comme autant de tentatives d’emprise sur l’espace. Ici, le dessin/dessein se fait écriture de et dans l’espace.
Aussi, empruntant leurs vocabulaires et leurs outils aux domaines de la cartographie et de la topographie, les dessins qu’elle réalise fonctionnent comme des matrices ou des partitions pouvant être activées sous forme d’installations dans des lieux déterminés.
Pour reprendre les termes de Deleuze et Guattari, Jennifer Caubet s’approprie des« calques », c’est-à-dire des états de choses d’ores et déjà paramétrés et identifiés, pour inventer ses propres « cartes », des tracés originaux et subjectifs à entrées multiples. Ainsi par exemple de ses kits, assemblages de structures métalliques et de flèches tirées à l’arc pour configurer des « enclaves disponibles », mais aussi plus récemment de Point Omega (2017), soit trois structures en verre traversées d’eau et reliées à des panneaux solaires, à la fois autonomes et en prise direct sur l’espace dont elles puisent l’une des principales ressources, à savoir la lumière. Du plan au volume, il s’agit toujours de réseaux de lignes, de coordonnées et de trajectoires spatiales, à la fois réelles et imaginaires, paramétrant l’espace et exprimant diverses manières d’ « être-au-monde », entre états de repli et d’extension, chargés d’un potentiel fictionnel où l’utopie rejoint parfois la dystopie.