À l’occasion du Nouveau Printemps, Randa Maroufi propose un quatrième volet à sa série Les Intruses, débutée en 2018.
Habituée des plans séquences, composant des photographies comme des scènes de cinéma ou réalisant des films comme une photographie en mouvement, l’artiste, à Toulouse, conçoit des prises de vue dans des lieux de pouvoir - judiciaire, symbolique, de savoir - tels que le Palais de justice ou la salle des Doyens de l’université Toulouse Capitole. Dans ces lieux, autour des grandes tables, Randa Maroufi invite des femmes à siéger, dans toutes leurs diversités.
Ainsi saisies au cœur de la mise en scène percutante et inclusive que leur propose l’artiste, ces êtres nous rappellent nos difficultés à envisager une autre répartition des rôles. Pour Randa Maroufi, il s’agit d’occuper symboliquement des espaces de pouvoir et d’imaginer de nouvelles possibilités à travers la fiction. À rebours de toute simplification, l’artiste nous interroge : comment imaginer une société où le progrès transformerait la valeur sociale et engendrerait de l’égalité ?
Une co-production Le Nouveau Printemps.
Ce projet bénéficie du concours du ministère de la Culture, dans le cadre de son programme de soutien à la commande artistique.
En partenariat avec la Cour d’Appel de Toulouse et l’Université Toulouse Capitole.
Avec la participation des étudiantes du Master Administration et Communication des Activités Culturelles de l’Université Toulouse Capitole (professeure référente Martine Regourd) et l’aimable soutien de Gilbert Cousteaux.
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23 Mai au 22 Juin
Commissariat : Yandé Diouf
L’exposition Faire famille puise son inspiration dans le parcours de Kiddy Smile, un chemin d’émancipation qui célèbre la liberté d’être au sein d’un foyer électif. Figure incontournable du voguing et de la culture des ballrooms, Kiddy Smile est l’enfant de ces soirées, refuges pour la communauté LGBTQI+ où chacun.e peut enfin s’affirmer et honorer ses identités plurielles sans crainte de violence. Dans ces événements tant artistiques que politiques, les Maisons, des familles choisies ou créées par nécessité, s’affrontent dans des performances et autres défilés. Dirigées par des « mères », qui guident et soutiennent leurs « enfants », ces Maisons combinent solidarité du collectif et expression individuelle.
L’exposition ne retrace pas l’histoire des ballrooms, mais invoque la puissance de ralliement des Maisons – qui donnent à l’individu·e la force du collectif lui permettant de se monter et de refuser l’ombre à laquelle on l’avait assigné·e - pour nous interroger sur la notion du faire famille. Comment des trajectoires personnelles peuvent-elles converger pour créer un collectif ?
Les œuvres réunies dans Faire famille donnent voix aux récits issus de ce que la norme qualifie de périphéries ou de marges — ces espaces souvent invisibilisés, ignorés ou redoutés, car susceptibles d’ébranler les certitudes ou les privilèges. Pourtant, ces récits sont essentiels : ils constituent une part fondamentale du monde, sans eux, sans ces marges, il serait fatalement fragmentaire et inachevé.
Les artistes choisi.es pour l’exposition explorent et révèlent des liens anciens ou inédits, parfois oubliés, qui relient les individu·e·s à des territoires, à des histoires, à l’Histoire. Ils et elles viennent bouleverser nos repères pour tracer de nouvelles cartographies des identités, des relations, nous invitant à repenser nos individualités dans un cadre commun.
Ainsi, Brandon Gercara comble, par la fiction, les silences de l’histoire kwir (la pensée queer depuis une perspective créole réunionnaise) pour imaginer des récits d’émancipation. Angelica Mesiti explore la performance et la musique comme moteurs du collectif, tandis que Roméo Mivekannin, à travers ses auto-représentations dans l’iconographie occidentale, subvertit les imaginaires imposés aux corps noirs. Ensemble, ces œuvres redéfinissent les corps, les matières, les récits et les sonorités pour ouvrir de nouvelles perspectives aux notions de communauté et d’appartenance, au croisement d’héritages multiples.
L’exposition est une Maison, un espace de réflexion partagée sur nos places et trajectoires, pour imaginer ensemble des stratégies collectives capables de transformer les oppressions et les dénis en forces créatrices et vitales pour faire famille ensemble.
Yandé Diouf
Avec
Malala Andrialavidrazana
Raphaël Barontini
Binta Diaw
Alice Diop, Penda Diouf et Verena Paravel
Brandon Gercara
Laura Henno
Mariana Kostandini
Angelica Mesiti
Marie-Claire Messouma Malambien
Roméo Mivekannin
Yandé Diouf est directrice de projets au Centre Pompidou (Centre Pompidou Malaga, KANAL-Centre Pompidou, Préfiguration du futur pôle francilien de conservation et de création) et possède une riche expérience dans le domaine de l'art et de la culture. Après avoir contribué à l'ouverture de la Fondation Louis Vuitton (programmes artistes et architecture), elle a multiplié les collaborations avec des artistes issus du cinéma, de la musique et des arts plastiques, tant en France qu’à l’international. Sa carrière est marquée par une volonté constante de promouvoir des créations innovantes et de construire des ponts entre les disciplines artistiques et les publics.
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Ouverture du mardi ou dimanche, 12h à 18h.
Nocturnes les 22 et 23 mai jusqu'à 22h.
La faculté est accessible aux personnes en situtation de handicap.