23 Mai au 22 Juin
Les œuvres rassemblées à Inessential Space interrogent la fiction : tantôt outil de domination, tantôt espace d’affirmation pour les personnes marginalisées.
Malala Andrialavidrazana revisite les cartes coloniales dans Figures 1889, Planisferio, par un assemblage de photographies, collages, textes et dessins. Elle dévoile les codes visuels de l’exotisme eurocentré et les représentations stéréotypées utilisées comme instruments de pouvoir. Par le montage et le décalage, elle fait émerger une critique des imaginaires dominants.
Ces fictions coloniales ont joué un rôle jusque dans l’industrie du tourisme, comme le dénonce Brandon Gercara qui cible l’importation de l’hibiscus à la Réunion. Symbole d’amour, de pureté, de féminité, l’hibiscus a été imposé par la Métropole sur les tenues des femmes pour créer une fiction touristique coloniale. L’artiste replie les fleurs puis les saupoudre de sucre de canne mettant au jour la continuité de l’exploitation capi taliste des corps, dont l’hibiscus devient la métaphore, depuis l’esclavage jusqu’au développement du tourisme.
La fiction peut aussi devenir un outil d’émancipation comme dans le détournement par Roméo Mivekannin d’une œuvre de Théodore Chasseriau dans laquelle il insère son visage. Ici, le corps noir à la fois homme et femme trouble la représentation des genres dans l’art. Il entre en résonance avec Destin Vogoya, de Brandon Gercara qui fait converger les luttes en mixant Maloya et house.
Collier-Cicatrice de Jean-Michel Othoniel rend pour sa part hommage à Felix Gonzalez-Torres, artiste homosexuel, cubano-américain, mort du SIDA en 1996, qui a placé les enjeux d’identité et de genre au cœur de sa pratique.
Marie-Claire Messouma Malambien travaille elle aussi les liens entre les êtres masculins et féminins qu'elle relie le cosmos, l’eau, l’air, la faune, la flore...
en imaginant ces nouvelles cartographies qui rassemblent ces différents éléments dans un tout interdépendant, l’artiste inclut toutes les marges.
Ces artistes réinventent ainsi des géographies affectives et politiques, où les marges deviennent des centres de création et de résistance.
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Samedi 14 Juin 14h00