Édito

Pour la prochaine édition, du 23 mai au 22 juin 2025,
le Nouveau Printemps investit le quartier Saint-Sernin et associe l’artiste Kiddy Smile.
Le Nouveau Printemps affirme ainsi sa nouvelle formule et consolide les relations qu’il tisse avec la ville comme avec les artistes d’ici et d’ailleurs.
Le festival défend un art pour toutes et tous, localement ancré, artistiquement exigeant, avant-gardiste et soutient des créations ou des expériences artistiques collectives, ouvertes sur le monde et responsables pour nos environnements.
En dialogue avec des espaces d’arts ou des lieux inédits du quartier, Kiddy Smile et ses invité·e·s composeront un parcours d’expositions, rassemblant de multiples pratiques artistiques, pour révéler encore, après Alain Guiraudie en 2024 et matali crasset en 2023, une nouvelle vision de l’art.
C’est une constellation dédiée à l’amour, aux liens et aux familles qui se constitue d’ores et déjà et s’offrira de lieu en lieu : des invitations faites par Kiddy Smile à des artistes et des œuvres qui disent le désir d’être chacun et chacune ensemble, avec respect et fierté.
Eugénie Lefebvre, Présidente du Nouveau Printemps
2025, déjà la troisième édition du Nouveau Printemps !
Rendez-vous désormais annuel du printemps toulousain, le festival continue de tracer sa route, fidèle aux valeurs et convictions qui l’animent depuis sa réinvention : être un écho du présent et des grandes transformations et transitions de notre temps ; défricher, et soutenir les artistes et la création d’aujourd’hui en accompagnant de nouvelles productions ; fédérer un quartier de la ville et rayonner depuis celui-ci en mettant en lumière ses habitantes et habitants, ses spécificités, ses lieux multiples, publics et privés, ouverts et fermés, réputés et confidentiels ; avancer dans une démarche toujours plus durable, inclusive, et responsable.
Et sensible à révéler le regard des artistes sur notre époque, confier la conception de chaque édition à une ou un artiste associé.e venant de l’un des champs multiples de la création.
Kiddy Smile a pris les clés de la programmation de cette prochaine édition avec autant de sérieux que d’enthousiasme. Musicien, DJ, vogueur, performeur, jury de l’émission Drag Race, icône mode, Kiddy Smile est en lui-même un créateur multifacette et fédérateur. C’est cette diversité, sous toutes ses coutures, autant que sa propension à rassembler et à faire famille en réunissant autour de lui une communauté d’artistes créée pour l’occasion, qui l’a guidé dans sa mission. Il écrit dans les pleins et les déliés des quartiers Saint-Sernin et Arnaud Bernard une histoire aussi personnelle qu’universelle.
Ainsi, l’édition 2025 rassemble 39 artistes invités dont 10 jeunes diplômés de l’IsdaT, 14 nouvelles créations, 10 lieux, 4 projets dans l’espace public, des partenariats avec 4 écoles supérieures ou universités : les Universités Jean Jaurès et du Capitole, l’Ensav, école publique de cinéma, et bien sûr l’Institut Supérieur des arts et du design de Toulouse, ainsi que de nombreuses collaborations et coproductions locales et nationales.
Merci à toutes celles et ceux qui croient en la création comme catalyseur essentiel pour penser et habiter le monde d’aujourd’hui et pour faire société. Merci à nos partenaires institutionnels et privés ; merci aux lieux qui nous accueillent ainsi que tous les enseignant·e·s et élèves engagés dans les divers projets participatifs ; merci à toutes et tous les artistes, curatrice, coprogrammatrice invité.e.s de participer à cette aventure collective ; merci à Kiddy Smile pour sa confiance et son engagement depuis plus d’un an aux côtés de l’équipe du festival ; merci au Conseil d’administration qui m’accompagne fidèlement ; et merci à Clément Postec, Anaelle Bourguignon et Lucie Champagnac de porter ce festival avec autant de constance.
Très beau festival à venir.
Eugénie Lefebvre
Clément Postec, Directeur artistique du Nouveau Printemps
Kiddy Smile : une célébration des inspirations
Artiste multidimensionnel, figure incontournable de la scène électro et de la Ballroom Scene, Kiddy Smile est un explorateur insatiable. Passionné et convaincu que le style se nourrit d’un apprentissage perpétuel et d’une curiosité sans limites, cette année, pour Le Nouveau Printemps : Kiddy Smile is the Guest Curator !
La musique de Kiddy Smile s’enracine dans la Chicago House, née des luttes des communautés Black et Queer. Son parcours porte l’empreinte profonde de ces mouvements, mêlant justice sociale et création artistique. À 20 ans, entre Rambouillet et les études à l’Université, après avoir découvert le centre de Paris et s’être rencontré soi-même dans cette ville de l’amour et des libertés de penser, Kiddy Smile part à Los Angeles. Sans le sou, il se fait embaucher pour faire des ménages dans une auberge de jeunesse. Il dévie et découvre le waacking, danse urbaine apparue dans les années 1970. Kiddy Smile est tout autant attiré et accueilli par ce monde de mouvements où s’inverse les discriminations et dans lequel se célèbre la joie et le droit à être multiple. De retour en France, l’artiste crée ses premiers morceaux et affirme sa méthode : une indépendance d’esprit, de création et un engagement sans faille qui perdure depuis pour les siennes et les siens, d’abord de la communauté voguing. Au commencement des pratiques de Kiddy Smile, se trouvent donc la danse et la musique , qui vibrent à la recherche d’un style et revendiquent l’importance d’une estime de soi assez solide pour construire des relations sincères.
Le Nouveau Printemps 2025 par Kiddy Smile : une constellation de liens pour dire l’amour et les familles
« Des changements profonds dans notre façon de penser et d'agir doivent se produire si nous voulons créer une culture de l'amour. » A propos d’amour, Bell Hooks, 1999
L’édition 2025 du Nouveau printemps est un hommage à Kiddy Smile et par Kiddy Smile à toutes les familles de cœur.
Avec Kiddy Smile, Le Nouveau Printemps invite une dizaine d’artistes à produire des œuvres et d’autres regards, celui d’une curatrice (Yandé Diouf) et d’une programmatrice (Amélie Galli). Photographies, sculptures, performances, films constituent un parcours éclectique : les propositions sont poétiques et incarnent une politique de l’art située et empathique. Suivant l’esprit des luttes féministes des années 1970, notamment théorisées avec la philosophe Donna Haraway ou par les pensées du Care (le souci de l’autre) - prendre soin, c’est aussi savoir et dire d’où je parle, cette vision s'élargit avec l'universitaire afroféministe américaine Kimberlé Williams Crenshaw à la fin des années 1980 et la question intersectionnelle : qu’est-ce que subir simultanément plusieurs discriminations produit sur l’individu, au sein des groupes et dans nos sociétés ? Kiddy Smile et ses invité·e·s actualisent ces perspectives.
Chaque proposition prend place au cœur du quartier Saint-Sernin Arnaud Bernard ou au sein de lieux complices. Chacun·e prolonge à sa manière une histoire des représentations et des corps en lutte. Les formes, les sons, les images, puis les mots, nous sont offerts comme autant de réponses possibles à la grande énigme de la haine.
Le quartier investi cette année par Le Nouveau Printemps est riche de son patrimoine sacré, matériel et vivant. Entre la Basilique Saint-Sernin, la Bibliothèque d’étude et du patrimoine, le musée d’Archéologie ou les mémoires migratoires d’Arnaud-Bernard, les réalités d’une métropole en transformation offrent au Festival l’opportunité de s’ancrer dans un territoire où les époques, les histoires et les communautés dialoguent.
Artiste prolifique, Kiddy Smile se définit moins par une posture iconoclaste que par un besoin impérieux de redéfinir les récits, ajuster leurs règles et élargir leurs possibilités. Avec ses invité·e·s, pour Le Nouveau Printemps, l'œuvre d’art redevient un processus de réparation, une expérience salvatrice où chacun·e peut trouver un espace pour ressentir, se recueillir, rencontrer, rêver, penser. Les artistes, tous singulier.e.s, convergent au travers de leurs démarches inclusives. Se tissent des liens pour renouer avec les trajectoires brisées - celles de pays lointains, de familles cassées, d’êtres effacés ou d’émotions biaisées. Les œuvres portent en elles une urgence, celle de réinventer une culture de l’amour. L’amour non pas comme une abstraction, mais comme une pratique capable de nous relier et peut-être de changer l’avenir. Les œuvres présentées incarnent cette quête, celle de relier l’intime et le collectif, de soigner la souffrance avec la joie, de sauver la pesanteur par la grâce, les manques par les revendications, les silences par les images. Elles nous projettent dans les printemps que Kiddy Smile aime invoquer au pluriel, comme autant de nouvelles manières de mieux être ensemble, ici et maintenant.
Clément Postec
Directeur artistique du Nouveau Printemps
Kiddy Smile, artiste invité
Parce que mes différentes identités sont simultanées et non successivement incarnées, elles sont autant de sources d’inspiration que de motivations, à remettre en cause l’ordre établi. Elles sont motrices de mon désir et besoin de repousser les limites d’un réel étriqué. Ainsi, la réclamation d’espaces propices à la libération et la redistribution de la parole de celleux qui ne l’ont que trop peu eue, m’apparaît aujourd’hui vitale.
Si je ne me vois pas je ne me projette pas, si je ne me projette pas je ne peux me réaliser. Alors je n’existe pas, ni dans ce présent, ni dans le passé, et encore moins dans le futur. C’est pourquoi la question de la représentation de la multiplicité des êtres et de leurs corps est si importante.
Je suis honoré et heureux de rejoindre l’aventure du Nouveau Printemps et de composer une édition 2025 inédite, pleine de bienveillance, inclusive, généreuse, surprenante !
En tant qu’artiste pluridisciplinaire intersectionnel, j’ai à cœur d’ouvrir la voie à tous·tes celleux qui se reconnaissent dans mon discours et dans ma façon de m’exprimer artistiquement.
À travers la musique, la vidéo, la danse et la mode, je questionne la dichotomie entre ma négritude, mon identité sexuelle et de genre, et mes origines sociales. À la recherche de ma place dans cette société, la question que je me pose et qui est le fil rouge de ma recherche artistique est la suivante : Que signifie être Français ? Les différents médiums que j’explore me permettent de l’aborder sous plusieurs angles et d’amplifier mon propos grâce aux réactions que suscite ma présence dans certains espaces où la mixité
raciale, sociale et de genre ne sont pas de mise.Kiddy Smile